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Coralie Oberti - Une plume de journaliste -
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9 mars 2021

Tribunal de Paris - Il frappe sa mère, l’envoie à l’hôpital mais ne reconnaît pas les faits

- Mars 2021 - 

La justice.

Le 2 mars 2021, un homme âgé de 53 ans comparaissait pour des violences physiques infligées à sa mère. Dans la chambre 2.01 du tribunal correctionnel de Paris, l’homme a démenti toutes les accusations.

Vêtu d’un pull gris, le suspect se présente dans le box des prévenus. Jacques*M. est accusé de violences avec arme sur ascendant, ayant entraîné un ITT de 30 jours. La victime, sa mère âgée de 87 ans n’est pas présente à l’audience, elle est hospitalisée et souffre d’une fracture du coccyx, de multiples contusions aux bras et au cou. 

Dans une ambiance lourde et une salle silencieuse, la présidente, Sabine Raczy, rappelle les faits qui lui sont reprochés : le 24 février 2020, Monsieur Jacques M. s’est rendu chez sa mère pour lui réclamer de l’argent. Le ton est vite monté et le suspect l’aurait frappé avec de la vaisselle, la faisant tomber rapidement. Il l’a rué de coups de pieds et de coups de poings alors qu’elle était à terre. La victime a eu le temps de sortir de son appartement, et a croisé la voisine qui l’a protégée tant bien que mal de son fils. Quelques minutes plus tard, les deux femmes ont réussi à rejoindre la gardienne qui a appelé les pompiers et la police. Énervé et hors de lui, le suspect a insulté et giflé sa mère, lorsqu’elle attendait les secours avec les deux autres personnes. La vieille dame qui ne pouvait plus s’asseoir souffrait du bassin, avait du sang sur les poignets et des griffures dans le cou. Quand les forces de l’ordre sont arrivées, l’agresseur présumé a immédiatement été arrêté et placé en garde à vue. 

 « Un amas de mensonges »

Malgré les trois témoignages et les nombreuses photos qui démontrent la violence de la scène (appartement saccagé, blessures de la victime…), le suspect dément toutes les accusations de violence. Les assesseures, les avocats et le procureur, tous ont les photos sous les yeux et tous savent que rien ne l’innocente. Pour Jacques, c’est « un amas de mensonges. » La présidente lui demande avec ironie « pourquoi les trois témoins, dont votre mère, mentiraient à propos de quelque chose d’aussi grave ? » Jacques M. affirme qu’il ne connaît pas la voisine et que tout a été inventé. Avec son corps et ses mains, le suspect décrit la scène qui ne correspond pas avec les témoignages. Lorsqu’il est amené à répondre de ses actes, il affirme « J’ai juste poussé ma mère légèrement et elle est tombée toute seule. Je ne frappe pas les femmes et encore moins ma propre mère. »

Son fils, une obsession 

Face aux questions de la présidente, Jacques M. parle toujours de son fils Téo*. Pour lui, sa mère et son frère sont responsables, et tout le monde est contre lui. Depuis que son ex-femme, la mère de son petit garçon, est morte d’une overdose il y a huit ans, c’est lui qui a récupéré la garde de l’enfant. Pourtant, après une décision officielle du juge aux affaires familiales, son fils lui a été retiré pour qu’il vive avec sa grand-mère maternelle aux États-Unis. Jugé incapable de s’occuper de lui, Jacques*M. n’accepte toujours pas cette décision et y fait référence à plusieurs reprises durant l’audience. La présidente est obligée de l’arrêter et de lui rappeler que ce n’est pas le sujet du procès. 

Lorsque l’avocat de la défense prend la parole, il n’hésite pas à « jouer la carte » de l’amour d’un père pour son fils. « Téo est la seule chose qui lui reste. Toute sa vie tourne autour de cet enfant. »  

Une peine demandée avec émotion

Durant de longues minutes, le procureur s’est exprimé sur le prévenu. Pendant l’audience, il a essayé de faire comprendre à Jacques que le problème n’était ni sa mère ni son frère et que le complot contre lui n’existait pas. Le procureur le définit comme quelqu’un d’autocentré qui ne s’est pas préoccupé de sa mère qui souffrait lorsqu’elle était à terre. Avec une vive émotion dans la voix, il évoque la situation avec Téo, il essaye de convaincre Sabine Raczy et ses assesseures que l’accusé est coupable et entièrement responsable. « Sa sortie ce soir est inconcevable. On ne sort pas après avoir frappé sa mère et après avoir nié les faits au tribunal aujourd’hui. » Le procureur requiert une peine de deux ans de prison avec mandat de dépôt dont un an avec sursis, une obligation de soins psychologiques, une indemnisation de la victime et une interdiction de la voir et de rentrer un contact avec elle. 

 

Après avoir délibéré pendant une demi-heure, la présidente et ses assesseures reconnaissent monsieur Jacques M. coupable et le condamnent à 18 mois d’emprisonnement, assortis pour moitié d’un sursis, avec mandat de dépôt. Il aura pour obligation de se soigner pour ses troubles psychologiques, et d’indemniser la victime. Interdiction de la voir et de rentrer en contact avec elle. Monsieur M. est sorti de l’audience entouré de deux policiers, les menottes aux mains. 

*Prénom modifié 

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Coralie Oberti - Une plume de journaliste -
  • Diplômée du Bachelor journalisme de l’IEJ Paris (Paris 16ème). En 4ème année option Journaliste Reporter d’Images depuis octobre 2022 à l’IICP (Paris 13ème). Sur ce blog, je vous partage mes reportages et articles.
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